Voyage sur les côtes chiliennes, fragile écosystème

Wilfried N’Sondé

Dimanche 6 novembre à 14h30 – au café littéraire
Entretien avec Caroline de Benedetti – public adulte

Lors du confinement imposé par la pandémie de covid-19 au printemps 2021, Wilfried N’Sondé a l’opportunité d’embarquer à bord de la goélette Tara pour naviguer durant cinq semaines au large des côtes chiliennes. Fasciné par la puissance des éléments, l’abondance des formes de vie grouillant dans les eaux de l’océan Pacifique et l’abnégation des marins et des scientifiques, il en est revenu avec cette triple histoire faite d’êtres vivants mesurant moins d’un millimètre devenu de véritables héros tragiques.

Wilfried N'Sondé

©Odile Motelot

Né à Brazzaville, Wilfried N’Sondé a grandi en Ile de France et a vécu de nombreuses années à Berlin. Auteur, compositeur et romancier, il explore avec force et musicalité l’exil et l’altérité, notamment à travers des aventures historiques. Son premier roman, Le cœur des enfants léopards l’impose très tôt comme l’une des plumes incontournables de la littérature francophone. Sa langue, sensuelle et rythmée, fait voyager son lectorat dans la marginalité de la banlieue française et de la migration.
En 2021, Wilfried N’Sondé s’engage dans une résidence d’auteur à bord de la goélette Tara. Cinq semaines qui, au-delà de l’apprentissage de la vie en mer, le confronte à la question du plancton, cet organisme microscopique, vital pour l’écosystème marin. Toutes les informations qu’il emmagasine au cours de cette résidence, il les retranscrit dans un roman naturaliste Héliosphera fille des abysses paru chez Actes Sud en 2022.

Héliosphera fille des abysses, Wilfried N’Sondé, éd° Actes Sud

« Aux premiers instants de l’aube, alors que les cieux se teintaient timidement de vermeil au large du port de Talcahuano, un être singulier, microscopique, mi-animal, mi-végétal, essayait désespérément d’échapper à la chasse d’un cténophore, créature translucide de quelques centimètres aux allures de méduse. Pour masquer ses longs filaments couverts de cellules collantes et harponner sa proie, le prédateur avait produit un nuage d’encre rouge qui émettait une lueur vive dans les ténèbres liquides. L’être hybride évita in extremis l’étreinte fatale, s’enfuit et se résigna à s’enfoncer dans une de ces parties mortelles de l’océan si pauvres en oxygène, le seul endroit capable de dissuader le cténophore de le poursuivre. À l’approche de la zone dangereuse où s’était réfugiée la prise qu’il convoitait, le cténophore rétracta ses deux grands tentacules et se hâta de se propulser vers l’arrière. »