Les confins existent-ils encore ?

Dimanche 10 novembre à 14h30 café littéraire

table ronde avec Marine Dumeurger et Rémy Marion

animation Christelle Capo-Chichi – public adulte

Aujourd’hui, nous pouvons voyager partout, jusqu’au pôle sud. La terre est entièrement cartographiée et photographiée depuis l’espace. Rémy Marion enquête sur des régions considérées sauvages mais pourtant accessibles au tourisme. Marine Dumeurger voyage dans une région proche et méconnue et se confronte à la limitation du voyage par la guerre et les enjeux géopolitiques. Alors, que sont les confins aujourd’hui? Peut-on et doit-on voyager partout ?

Journaliste indépendante française, Marine Dumeurger travaille principalement pour Libération et le magazine Géo. Elle a écrit de nombreux reportages sur la Russie où elle a vécu plusieurs années. Le Prince de Kalmoukie est son premier livre.

Conférencier, guide, photographe, réalisateur et écrivain, Rémy Marion est l’auteur de nombreux ouvrages notamment sur les ursidés et co-réalisateur de plusieurs documentaires. Depuis de nombreuses années, il parcourt les zones polaires dont la fragilité face au changement climatique le pousse à travailler sur la diffusion d’informations autour des problématiques qui se posent dans le grand nord.

Le prince de Kalmoukie, éd° Marchialy

Au bout de cette piste lunaire, entre un hôpital psychiatrique et un étang aussi sombre qu’un écran plogé dans le noir, l’hôtel 858 KM, du nombre de kilomètres parcourus depuis Moscou. À contempler ce motel, on se croirait au fin fond du Nevada. Il ne manque que le fast-food et le panneau qui clignote. Mais il y a tout de même quelques étrangetés. 
À l’entrée trône un mammouth grandeur nature, constitué de chutes de pneus. Il surgit dans l’obscurité, ses deux défenses blanches, immaculées comme phosphorescentes dans la nuit. C’est une belle réalisation, un clin d’œil à la route sans doute, au bitume et à la Sibérie. Un peu plus loin, à l’orée d’un massif d’ornes chétifs, qui bataillent pour pousser en désordre, une araignée géante surgit des bosquets. Ses pattes immenses et fines jetées de part et d’autre de son corps, jaune et rond. Presque plus classique, un lion en lamelles de bois rugit devant la réception. À côté, un parc animalier de taille modeste abrite un chameau au crin sec et une paire de paons qui crient terriblement pendant la nuit.
Sidérés par ce décor saugrenu, nous restons silencieux un moment.

L’ours polaire, vagabond des glaces, éd° Actes Sud 

Pour beaucoup, l’ours polaire ne se résume qu’à quelques superlatifs souvent exagérés : le plus grand, le plus résistant, le plus carnivore, le plus puissant, le plus menacé… Mais l’ours polaire n’est  pas plus une merveile de l’évolution que le rat taupier, le tardigrade ou l’alque à cou blanc, sauf que allure, sa couleur, son environnement correspondent aux facteurs d’émerveillement du plus grand nombre.
On voudrait nous faire croire que la sauvegarde de l’ours polaire est une finalité, mais son espèce est moins importante que les abeilles, les lemmings ou même que l’ours brun, son proche cousin. L’ours polaire viendrait à disparaître que cela ne déséquilibrerait pas l’écosystème arctique, il n‘y aurait pas de surpopulation de phoques par exemple. L’ours polaire est une espèce parapluie, à ce point on pourrait dire parasol. On se dit que si on protège cette espèce dont tout le monde souhaite qu’elle continue sa déambulation sur la banquise, cela aidera à protéger son environnement et les espèces périphériques.
Cette méthode de communication élude la complexité  et donc la richesse du milieu. Cela revient à classer, voir trier, les espèces vivantes non plus pour leurs niveaux d’interactions dans et pour l’écosystème , mais en fonction de leur capacité à fédérer l’empathie.