Island, une terre noire

Dimanche 10 novembre à 16h15 amphithéâtre

animation Julia Passot- entretien illustré – public adulte

En 2020, Pierre-Antoine Guillotel s’élance dans une boucle de 3000 kilomètres à pied à travers l’Islande. Un voyage éprouvant mais sublime, loin des sentiers battus, au cœur des territoires extrêmes de l’île.
De glaciers en déserts sombres et en marécages, l’île volcanique dévoile sa rudesse brute. Le voyageur côtoie renards arctiques, rennes et lagopèdes, il subit les affronts du blizzard et expérimente le grand froid des Hautes Terres.

Après ses études, Pierre-Antoine, 24 ans, s’envole pour une traversée de l’Amérique du Sud, puis voyage en Nouvelle-Zélande et devient marin pêcheur en Australie. La rudesse de l’activité lui permet de satisfaire son goût pour l’intensité et son désir d’écriture. Début 2019, un grave accident l’immobilise. Durant sa rémission il se promet notamment de réaliser son rêve d’enfant : explorer la nature sauvage désertée par l’homme en la parcourant le plus lentement et le plus simplement possible, à pied.

Island, l’appel du 66° Nord, éd° Transboréal

Dans la descente c’est le whiteout. Le vent siffle. J’opte pour le même tracé qu’à l’aller. Technique du Petit Poucet, sans cailloux. Mais les rafales qui balaient le glacier recouvrent vite les traces que j’espère suivre. J’erre à l’aveugle, à tâtons, les doigts serrés sur la tête du piolet et du bâton. Tous les cent mètres environ, je sors le GPS pour m’assurer du cap à suivre. Le vent rend la neige croûteuse. Une enveloppe se forme sur mes fermeture Éclair. J’en brise une. Une heure plus tard, la peur des crevasses refait surface.
Reste lucide, calme-toi. Ce soir c’est pâte à la bolognaise, au chaud et à l’abri”, me répété-je au moment de retraverser le pont de neige. Je reste concentré, les yeux rivés sur cette glace couverte de flocons que mes crampons griffent à chaque pas. Sans m’en rendre compte, je dévie légèrement de ma trajectoire initiale. En une fraction de seconde, le sol s’ouvre, ma jambe droite passe au travers, dans le vide, ballante, cherchant un appui qui ne vient pas. Le cœur cogne fort.