Critique indigène du monde blanc

samedi 8 novembre – 10h15 – Espace Vagabond

animation Christelle Capo-Chichi- public adulte

Par son travail de recherche, Jean-Christophe Goddard invite à l’ouverture vers d’autres perspectives. L’anthropologie est une science créée par l’Occident pour observer et comprendre les groupes humains. Malgré son affranchissement des critiques d’implication de l’ethnologie dans la colonisation, c’est une discipline qui reste ethnocentrée puisque principalement développée et pensée dans le monde occidental. En s’appuyant sur de grands penseurs du commun, tels que Davi Kopenawa, le leader yanomami, l’écrivain congolais Sony Labou Tansi et le philosophe camerounais Fabien Eboussi Boulaga, et en nous invitant à les lire, Jean-Christophe Goddard s’efforce de restituer la puissance critique des savoirs collectifs non-blancs, essentiellement oraux et performatifs, qui interrogent du point de vue de la qualité de la vie le modèle anthropologique incarné par les agents de la colonisation européenne.

Jean-Christophe Goddard est philosophe et professeur à l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès. Depuis une dizaine d’années, ses travaux portent sur la critique décoloniale de la philosophie moderne européenne. Ils mobilisent essentiellement la philosophie et la littérature africaine contemporaine et la contre-anthropologie historique amazonienne du monde blanc. Initialement spécialiste de la pensée de J. G. Fichte (1762-1814) et de la philosophie française du 20e siècle, il anime depuis 2013, avec Marc Maesschalck, le séminaire « Penser les décolonisations » à l’Université de Toulouse et à celle de Louvain-la-Neuve. Il organise également, avec le chorégraphe et danseur James Carlès, depuis 2018, les rencontres annuelles du Festival Corpus Africana de Toulouse. Et, depuis 2019, il est chercheur associé à l’Université nationale de Séoul dans le cadre du séminaire d’Anthropologie décoloniale piloté par Daeseung Park, et participe à la production et diffusion des courants de pensées anthropo-philosophiques qui permettent de voir l’Occident du point de vue d’autrui.

Ce sont d’autres gens, contre-anthropologies décoloniales du monde blanc, éd° Wildproject

Les sociétés confrontées au choc permanent de la violence coloniale ont, depuis cinq siècles, développé un savoir critique du monde blanc. Inversant le sens de l’ethnologie européenne des mondes indigènes, ce savoir a pris la forme d’une anthropologie, orale et performative, portant sur ces étrangers singuliers, ces « autres gens » que sont, pour les colonisés, les Européens.
En mobilisant notamment la pensée de l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, du philosophe camerounais Fabien Eboussi Boulaga, du chaman yanomami Davi Kopenawa et de l’écrivain congolais Sony Labou Tansi, Jean-Christophe Goddard explore certaines des formes, anciennes et contemporaines, qu’ont prises en Amazonie et en Afrique centrale ces anthropologies inversées.
Il en montre la puissance critique radicale pour penser au présent la possibilité d’un autre monde que celui dont le capitalisme colonial occidental nous impose l’héritage.