Michel Jean
Vendredi 4 novembre à 20h30 – à l’amphithéâtre
Entretien avec Sophie Gergaud – public adulte
Avec sensibilité et délicatesse, Michel Jean raconte son histoire familiale, celle des Siméon. Issu de la communauté innue de Mashteuiatsh, dans le Nitassinan, il tisse le destin de tout un peuple amené par la force à se sédentariser et à abandonner son mode de vie traditionnel. A travers ses trois romans, Michel Jean explore les questions de liens et d’identité, d’appartenance, et pose la question de la place faite aujourd’hui à la communauté innue au sein du Québec.
Michel Jean
Michel Jean est écrivain, journaliste d’enquête et chef d’antenne. Après ses études d’Histoire à l’Université de Montréal, il devient animateur et journaliste dans plusieurs radios québécoises, puis travaille à Radio-Canada, avant de devenir chef d’antenne à TVA.
Michel Jean est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages au Québec et dirige la rédaction de deux recueils de nouvelles qui mettent à l’honneur des voix autochtones, Amun et Wapke.
Lui-même issu de la communauté innu de Mashteuiatsh, ses origines résonnent dans plusieurs de ses romans. C’est notamment le cas dans les trois récits publiés en France par les éditions Dépaysage, Kukum qui est un hommage à son arrière-grand-mère, Maikan qui aborde la violence des internats autochtones et enfin Atuk, qui raconte deux vies, intimement liées et pourtant différentes.
Plusieurs fois récompensé pour Kukum, Michel Jean est notamment le lauréat de la première édition du Prix Nature Nomade.
Atuk, Michel Jean, éd° Dépaysage, 2022
« Nous étions des milliers, disséminés sur un territoire plus grand que bien des pays modernes. Nitassinan. La dernière fois que j’y suis allée, c’était il y a vingt ans, avec ma sœur Virginie. Ce n’était plus chez nous. La forêt où vivait le gibier avait été bûchée des deux côtés du lac, la terre, défrichée. Les ruisseaux et les rivières où l’on trouvait auparavant des castors à la peau épaisse, de la truite, de la ouananiche et tant d’autres poissons coulaient maintenant au milieu d’une savane balayée par le vent. Aujourd’hui nos routes ont été effacées, il ne reste que celles qui ont été tracées dans les montagnes pour se rendre aux chalets des Blancs. »
Maïkan, Michel Jean, éditions Dépaysage, 2021
« Virginie a écouté sans comprendre. Elle sait déjà ce dont elle a besoin pour vivre : tirer, piéger le gibier, monter une tente, tanner les peaux. Sa Kukum lui a appris à utiliser les plantes pour se soigner. Elle peut manier un canot dans le courant et arrive à soulever son propre poids dans les portages. Ses parents n’ont jamais mis les pieds dans une école et ils ont l’estime de tous les habitants de Mashteuiatsh. »
Kukum, Michel Jean, éd° Dépaysage, 2020
« Les sœurs de Thomas, Christine et Marie, nous ont accueillis avec chaleur. Marie a servi du thé. Christine qui parlait un peu français, s’est assise près de moi et m’a demandé comment s’était passé le voyage. J’ai essayé, tant bien que mal, de lui expliquer le sentiment de liberté qui m’emplissait depuis le moment où nous avions mis notre canot à l’eau. Ma belle-sœur a vu le bonheur sur mon visage et dans le regard de son frère : l’amour est une chose qu’on comprend tous, peu importe la langue dans laquelle il s’exprime. »