les Lauréates 2024

Contrairement à l’année dernière, le Prix Nature Nomade a deux lauréates en 2024. La sélection passe dans les mains d’un jury composé des membres de l’association Nature Nomade et aussi dans celles du public des médiathèques partenaires du festival grâce au concours de la BDLA. Nous avons tenu à garder les votent de chacun des groupes pour valoriser leur choix respectif.
Le prix du jury revient à Border la bête de Lune Vuillemin et le prix des lecteurs revient à Les yeux bleus du désert de Christine Bergougnous.
Nous sommes ravis que ces deux romans reçoivent les honneurs des celles et ceux qui ont pris le temps de lire les 6 ouvrages de la sélection 2024.
Il s’agit bien là d’un roman poétique, sensoriel, personnel et sensuel au cœur des grands espaces canadiens.
Un roman où il est question :
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D’intimité, de sensualité, d’amour vital, vitalisant ;
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De poésie ;
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D’émerveillement de la nature et de la vie qui nous entoure ;
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D’incarnation de la nature, d’incarnation de la lumière, d’incarnation des sensations, de présences multiples dans ce monde sans homme ;
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De reconstruction, de deuil et de pardon ;
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Du temps nécessaire à savoir écouter, sentir, percevoir, rencontrer, désirer, apprivoiser, aimer, accueillir, se pardonner, se reconstruire ;
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Des sens, d’herbier sonore, d’entraînement de l’odorat où les odeurs seraient des verbes pouvant se conjuguer à plusieurs temporalités ;
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D’élan vital, de désir et d’amour passionné, obligatoire, indispensable, nécessaire,
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De magie, magie des mots, magie des sens, magie des gestes, de transe et de coyotes, de lumière ambrée .
On y est dans cette cabane, on le sent ce refuge, on les devine ces coyotes. L’homme au service des animaux blessés, en écoute permanente par tous les pores de la forêt et de ses habitants.
Une ode à la nature et au respect, comment exister sans effracter ce qui nous entoure ? Ne pas sortir après le coucher du soleil pour laisser la nuit aux bêtes sauvages. Une ode à la Nature, et c’est bien là tout l’objet de ce festival. Rechercher les mots justes, décrire l’indescriptible, l’inénarrable, faire exister l’imperceptible, le nommer, lui rendre vie, le magnifier. Tout au long du récit, on entend, on écoute, on sent, on ressent, on voit, on perçoit, on touche, on prend soin. Tout vit, respire, transpire, illumine… On ressent le moindre craquement, le moindre bruit de vent, la moindre lueur de lumière… Même les silences se font entendre.
Au cours de nos échanges autour de ce livre, le mot animisme surgit, comme une évidence. Un livre d’Amour pour la Vie.
Nous y sommes dans cette forêt, nous le humons ce refuge. La mise au service de l’homme envers la nature, les animaux. Quel respect, ne pas s’immiscer, ne pas enfreindre, ne pas vouloir, attendre, observer, humilité ! La narratrice sait son incompétence à écouter, à entendre, à voir et à regarder, sait que son odorat est faible et faillible. Quelle musicalité de la forêt ? Quel effet a-t-elle sur son environnement ? Telles sont les questions qui l’habitent en permanence.
On ressent de l’admiration pour cette femme capable de vivre ces journées les unes après les autres dans ce froid et la rudesse de la tâche, entière et sans compromis et pourtant sans colère, dans l’écoute et l’accueil.
C’est un roman au souffle poétique et cru, porté par une plume fluide et des dialogues profonds. Une rencontre littéraire unique, à la fois sauvage et singulière, inspiration et respiration à la fois. Son approche, sa singularité, sa sincérité dépeignent un grand talent à la hauteur d’un prix littéraire. Bravo à Lune Vuillemin pour son très beau roman « Border la bête », lauréate du prix Nature Nomade 2024.
Le festival Nature Nomade 2024 a déjà refermé ses portes au Museum d’histoire naturelle, après avoir donné à voir de multiples expériences de voyage et de lectures.
L’écrivain italien Claudio Magris a écrit que « Voyager est école d’humilité, il fait toucher du doigt les limites de notre compréhension, la précarité des modèles et des instruments avec lesquels une personne ou une culture supposent de comprendre ou juger une autre. ». C’est là, aussi, le rôle des bibliothèques : ouvrir à l’altérité et au débat, permettre la confrontation des idées et des modèles, participer au vivre ensemble dans ce grand éco système qu’est le monde. Chacun.e ne pourra pas pas voyager, mais chacun.e pourra trouver dans la richesse multiculturelle une porte vers l’ailleurs, une invitation au voyage.
La Bibliothèque départementale de Loire-Atlantique souhaite en ce sens remercier chaleureusement l’association Nature Nomade, la médiatrice Sarah Petiteau, les bibliothécaires et les lectrices et lecteurs qui ont pris part au prix littéraire et aux rencontres de l’auteur Jean-Baptiste Phou, et qui ont permis que le monde soit un peu plus grand dans nos bibliothèques.
Sélection 2025
Un roman qui nous fait ressentir toute la magie et la poésie des paysages de l’Antarctique à travers les aventures d’une équipe de scientifiques.
Sur la base scientifique d’Ubunto-bay, au coeur de l’Antarctique, une poignée d’hommes et de femmes partagent un été. Le jeune Apollinaire travaille sur le chantier de fouille d’une mystérieuse épave. Johanne, documentariste, enregistre le chant des icebergs et les voix des humains alentour. Dans ce monde exposé à une seule nuit par an, chacun apprend à désapprendre pour découvrir qu’au sein des glaces palpite un monde à la mémoire vertigineuse. Mais la magie ancestrale de ces paysages ne peut faire oublier le poids des bouleversements climatiques, les dangers du travail sur le terrain et les soubresauts géopolitiques qui menacent la paix fragile de ces espaces.
Dans ce voyage littéraire sur le continent blanc, Alizée Gau nous raconte les amours et les amitiés qui se nouent entre ces hommes et femmes, chacun nomade à sa façon, leur rapport ambigu au territoire, et la beauté hostile d’un univers à son point de bascule.
Au coeur de la Patagonie, les destins croisés d’une femme médecin chilienne dans les années 1950 et d’un jeune Français en 1998. L’une brave le monde sauvage, les oppositions politiques, l’anéantissement des peuples premiers, l’autre part en quête de ses racines. L’histoire de deux âmes fortes éprises de liberté dans des contrées de l’extrême.
» Valentina était au bout du monde, là où les courants des océans s’affrontent, où les glaciers torpillent les roches… «
En Patagonie, Terre de Feu où la nature se déchire, s’entrelacent deux destins. D’un côté, celui de Valentina Silva, l’une des premières femmes médecin dans le Chili des années 1950, appelée à soigner les travailleurs des estancias alors que la répression politique gronde. De l’autre, celui de Luis Echerrin, un jeune Havrais, fils d’un disparu de la dictature de Pinochet et d’une exilée, qui part en 1998 à la recherche de ses racines, dans l’espoir de déchiffrer les silences de sa mère.
Valentina se confronte aux obstacles jalonnant la route d’une femme indépendante et aux méandres d’un amour naissant pour un inconnu. Luis s’initie à la culture des gauchos en retraçant peu à peu l’histoire de ses parents, avant de se découvrir lui-même.
Les glaciers de la Cordillère, les fjords et la pampa tantôt les perdent, tantôt les guident, tout en témoignant de l’anéantissement d’un peuple premier, les Kawésqars, dont la mystérieuse Tcefayek est l’une des dernières survivantes, et cet anéantissement préfigure un autre massacre, irrémédiable, celui de l’environnement.
Unies dans un même élan, les vies de Luis et Valentina composent une ode à la liberté dans une nature aussi sublime qu’impitoyable.
La chimère poulpe Violeta Benedetti-Ogundip rassemble au sein de L’Invention de la mer deux manuscrits écrits par des chimères cétacé et crustacé et les commente en donnant des clés scientifiques, poétiques, historiques. Se livrent ainsi, comme des contes et légendes, les histoires de Gina de Galène, chimère cachalot qui raconte les souffrances de sa lignée et la légende de son aïeule, et de Ménippe Zahlé, chimère crabe qui, après un séjour en prison, fait de la lutte en récitant des vers. Entre roman, conte, essai et poésie, L’Invention de la mer est un texte lui-même hybride qui résonne comme un mythe futuriste avec les enjeux sociétaux actuels.
Si on ne naît pas libre, Mélusine Mallender sait qu’on le devient en explorant le monde, au guidon d’une Tiger 800 CC. 28000 kilomètres en Asie du Sud-Est, cette fois la jeune femme nous embarque pour un roadtrip féministe à travers l’Indonésie, le Myanmar, le Bangladesh, le Népal, le Pakistan et l’Iran. Grâce à sa moto, Mélusine réussit partout dans le monde à susciter surprise et curiosité pour engager la conversation et questionner les femmes sur leurs aspirations à la liberté. Les réponses sont le plus souvent éloquentes et intimes : face au mot «liberté», les définitions et les témoignages recouvrent bien des réalités. Ce livre d’aventure au féminin se lit comme un récit profondément humain, riche de rencontres émouvantes pour élargir nos horizons.
À 27 ans, Angélique Mangon décide de tout plaquer pour rejoindre l’Amérique du Sud avec une idée en tête : rencontrer des hommes et des femmes qui nourrissent un lien fort à la Terre Mère, la Pachamama. Des Mapuches du Chili, aux Quechua d’Équateur en passant par les Mosetén de Bolivie, elle s’immerge au sein de populations qui perpétuent des traditions millénaires liées à la nature, dans un monde en pleine mutation. Avide de rencontres et d’apprentissages, cette fille d’agriculteurs prend fait et cause pour ces peuples en lutte, partage leurs rituels et se nourrit de leurs croyances.
Au fil d’une formidable aventure qui durera finalement trois ans, la jeune journaliste s’ouvre à une vision du monde radicalement différente de la sienne. Un voyage initiatique, guidé par son instinct, qui bouleverse sa vie dans ce qu’elle a de plus profond : son propre rapport à la terre et au monde.
Un père solitaire, une fratrie de six, un vieux chien nommé Moroï. À quelques kilomètres du centre-ville de Bucarest, les Serban habitent une cabane au bord d’un lac où la nature a depuis longtemps repris ses droits. Sasho, Naya et leurs frères traquent les poissons dans la rivière Dâmbovi?a, apprivoisent les mots des poètes dans les livres de tante Marta, assumant le choix âpre et singulier d’une vie en marge. Jusqu’au jour où les autorités, pour créer une réserve naturelle, les somment de quitter ce coin d’eau et de terre, le plus beau qui soit, le leur.
Inspiré d’une histoire vraie, Ceux du lac raconte l’impossible adieu d’une famille tsigane à un royaume désormais interdit. Au coeur des contradictions de la Roumanie contemporaine et d’une époque qui confisque au prétexte de sauvegarder, les Serban ne peuvent ni s’adapter ni complètement résister. Reste une ultime promesse, lumineuse : celle faite par Sasho à sa petite soeur Naya de marcher dans les traces des bisons des Carpates.
Convoquant tour à tour le réalisme et l’onirique, le burlesque et le tragique, la poésie et le folklore, Corinne Royer écrit un roman brûlant, porté par un amour profond de la nature et des mots, qui bouscule notre lien à l’autre et au sauvage.
Corinne Royer vit dans le parc naturel régional du Pilat, au sud de Saint-Étienne. Ceux du lac est son sixième ouvrage, après Pleine terre (Actes sud, 2021), lauréat du prix Mouans-Sartoux du Livre engagé pour la planète.
Sélections précédentes
Lauréat Prix du jury Border la bête de Lune Vuillemin
Lauréat Prix des lecteurs Les yeux bleus du désert de Christine Bergougnous






Lauréat Prix du jury & prix des lecteurs
Cavalières de Léopoldine et Élie Desprez






Lauréat Les veilleuses de Solenn Bardet






Lauréat Kukum de Michel Jean






Le prix des lecteurs
Pour l’édition 2023, le festival Nature Nomade s’associe à la Bibliothèque départementale de Loire Atlantique pour un prix des lecteurs. Les lectrices et lecteurs des médiathèques participantes peuvent emprunter les livres de la sélection 2023 et voter pour leur coup de cœur à partir du 1er juillet 2023.
Les votes seront terminés le 31 octobre 2023 et le lauréat de lecteurs sera annoncé à l’ouverture du festival le vendredi 10 novembre 2023, au Muséum.
Si vous souhaitez lire la sélection et participer au vote, voici la liste des médiathèques participantes :
Médiathèque de Bouaye
Place du Marché, 44830 Bouaye
02 40 32 63 03
Médiathèque Joseph Rousse
1 Rue de la Libération, 44770 La Plaine-sur-Mer
02 51 74 81 92
Bibliothèque de Corcoué-sur-Logne
5 Pl. du Marché, 44650 Corcoué-sur-Logne
02 40 05 87 28
Espace Coolturel
Rue du Calvaire, 44450 Divatte-sur-Loire
02 40 33 37 93
Médiathèque René Guy Cadou
Place de la Chantrie 44115 Basse-Goulaine
02 40 06 00 22
Médiathèque Gaston Leroux
10 Rue de Penlys, 44410 La Chapelle-des-Marais
02 40 42 42 00
Bibliothèque municipale Le Bignon
4 Pl. de la Poste, 44140 Le Bignon
02 51 70 13 93
2024 Lauréate Les yeux bleus du désert de Christine Bergougnous

2023 Lauréat Cavalières de Léopoldine et Élie Desprez

Le prix du jury
Depuis 2017, le festival Nature Nomade invite le public à découvrir le voyage à travers des œuvres littéraires. Quelque soit son genre, l’œuvre doit être une invitation à la découverte d’un paysage et de ses habitants, humains, animaux ou végétaux.
Les 6 œuvres choisies sont lues et jugées par des membres de l’association qui n’ont jamais participé à un prix littéraire et ne travaillent pas dans le monde du livre. L’idée première de cette composition interne est de resserrer les liens entre les bénévoles à travers des discussions et des échanges autour de la littérature. C’est également l’occasion de montrer que le voyage peut-être partout, sous diverses formes.
Le Festival propose aux membres de l’association Nature Nomade de participer au Prix Littéraire Nature Nomade. Le jury, composé de 12 membres, s’engage à lire 6 œuvres littéraires sélectionnées par les libraires de La Géothèque (librairie partenaire du festival). Il doit élire son lauréat en septembre.
Pour participer, il faut être membre de l’association Nature Nomade. Si vous souhaitez devenir membre du jury vous pouvez nous contacter à cette adresse.
2023 Lauréat Prix du jury & prix des lecteurs
Cavalières de Léopoldine et Élie Desprez

2022 Lauréat Les veilleuses de Solenn Bardet

2021 Lauréat Kukum de Michel Jean
